Le Salmson 2A2 n'est certainement pas le biplan le plus connu de l'aéronautique militaire française mais avec la maquette Gaspatch, j'ai trouvé une bonne occasion de compléter ma collection de petits biplans. En effet, Gaspatch produit un modèle très soigné caractérisé par une multitude de petites pièces superbement moulées, plusieurs options d'armement et de caméras, de la photodécoupe, des masques et une grande planche de décalcomanies permettant la réalisation de trois modèles français et deux américains. A cela s'ajoute une très belle notice de montage en couleur et des éléments de carton découpés au laser destinés à servir de bâti de montage. A noter aussi un magnifique moteur en étoile qui peut être laissé visible.





Le contenu de la boite est donc impressionnant au point que d'y toucher frise le sacrilège et on se demande comment ce petit fabriquant atteint la qualité "Eduard" en si peu de modèles. Cependant, si les ajustements et la gravure sont quasiment parfaits, apparaissent des difficultés de montages dont je vois l'origine dans la volonté de Gaspatch de trop bien faire, c'est-à-dire d'être trop fidèle à l'avion réel. Ainsi, pour préserver l'authenticité de l'intérieur du fuselage, la fixation des plans intérieurs sur le fuselage ne bénéficie pas d'un ancrage suffisant et il est très difficile de les coller solidement avec le bon dièdre. Idem pour la gouverne de profondeur et le train. De plus, si le moulage est irréprochable, le plastique est cassant et certaines pièces comme les mâts de cabane ou ceux qui soutiennent la profondeur sont d'une extrême fragilité.
Le haubanage présente les même difficultés que pour tous les biplans de cette époque sauf que, en prime, il est presque systématiquement doublé. Heureusement Gaspatch a gravé les points de départ et d'arrivée des haubans ce qui n'est pas toujours le cas dans les autres maquettes de biplan. Donc la patience et l'organisation sont requises et l'expérience acquise avec des assemblages de De Haviland DH2 ou du Bristol "Fighter"n'est pas de trop.
Le montage commence par l'aménagement du fuselage qui est très complet mais qui malheureusement s'avère peu visible, le plan supérieur masquant totalement le poste de pilotage et les mitrailleuses celui de l'observateur. Les mâts de cabanes sont montés à l'intérieur du fuselage et évidemment le dépassent par le dessus. Cela pose un double problème :
- La fragilité de ces pièces qui supportent la partie centrale du plan supérieur et qui ne soufrent pas d'un mauvais positionnement ;
- La nécessité de les masquer lors du camouflage du fuselage.
Pour bien positionner ces mats, j'ai fabriqué un gabarit en carte plastique de 1 mm percé aux dimensions des points d'ancrage de l'intrados de plan central supérieur. Cette précaution est indispensable car la moindre flexion des mats entraîne leur rupture et il devient impossible de les réparer à l'intérieur du fuselage !
Pour la peinture, j'ai dû procéder par étape en peignant d'abord partiellement certaines pièces du fuselage puis en montant un boîtier de protection en carton pour éviter de casser les mâts au cours des diverses manipulations et pour empêcher de barbouiller le poste de pilotage.
Cette opération étant réalisée, il a fallu prévoir le haubanage de cette partie qui comprend pas moins de six haubans doubles pour les mâts de cabane et quatre haubans doubles qui rejoindront les plans inférieurs. C'est donc vingt fils de nylon qu'il faut fixer à cet endroit et qu'il faut régler lorsque le plan supérieur est en place alors que cette partie de la maquette n'est plus accessible à cause de la présence des ailes. J'ai donc considéré que la mission était impossible (je n'ai jamais mis de bateau en bouteille !) et j'ai découpé le plan supérieur en trois morceaux, un plan central correspondant à la cabane et deux plans extérieurs (comme sur le vrai). J'ai prévu le réassemblage en utilisant des broches en laiton de 0,8 mm.
A ce stade de la construction, il faut peindre les plans car une fois assemblés, seules de menues retouches sont réalisables. Il faut aussi percer des trous de 0,3 mm pour la fixation des haubans. Autant que faire se peut, je colle les fils sur le plan supérieur et procède à la tension et au collage final sur le plan inférieur. Il faut toujours prévoir assez de longueur de fil pour faciliter les manipulations (mise en place de pseudo tendeurs en coton tige étiré). A la fin, le chantier ressemble à un plat de spaghetti.
J'ai pu ainsi monter la cabane et ses haubans puis j'ai collé sur le fuselage les deux plans inférieurs. Comme indiqué plus haut, le minuscule ancrage de ces plans dans le fuselage ne permet pas un positionnement fiable malgré le recours au petit bâti de montage de Gaspatch. Là encore j'ai contourné le problème en faisant appel à des broches en laiton.




Les plans inférieurs étant en place, vient le montage des plans supérieurs externes sur la cabane. La difficulté est de les positionner correctement et solidement par rapport aux plans inférieurs. J'ai réalisé des "inter plans" en carton maintenus par du ruban adhésif. Cela permet le collage des plans externes sur le plan central puis le positionnement des huit mâts. Les ailes sont alors là où il faut mais la structure a la solidité d'un château de cartes. La rigidité d'un biplan, qu'il soit en maquette ou en vrai, tient du réglage des haubans.
L'opération "ficelle" reprend de plus belle. Il faut procéder symétriquement, la tension et le collage d'un hauban sur une aile doivent être suivis de la tension et du collage de son homologue sur l'autre aile. Toute dissymétrie entraîne un vrillage de la voilure. Si cela arrive, la solution est d'arracher le hauban fautif et de recommencer. Si en fin de montage, on constate un léger relâchement d'un hauban (ça semble assez inévitable), il y a la possibilité de le rétracter en approchant une source chaude comme la panne d'un fer à souder. Mais méfiance : un accident est vite arrivé.
Une fois l'opération terminée, on a la satisfaction de constater que la structure est maintenant bien rigide et la pose des ailerons et de leurs câbles de commande peut être entreprise sans risque.
La suite est la mise ne place du plan de profondeur monobloc. Là encore l'ancrage est très insuffisant et la présence des mâts est indispensable. Le problème est que ceux fournis sont très cassants. Je les remplacé par du laiton de 0.8 mm délicatement aplati. Il faut ensuite placer la gouverne de direction dotée d'un mât la reliant au dos du fuselage. J'ai aussi réalisé ce mat en laiton. Il reste à poser les doubles haubans inférieurs et supérieurs et les câbles de commande de profondeur et de direction.
L'opération suivante est la pose du train. Compte tenu de la fragilité des parties arrière de l'avion, j'ai construit sommairement un bâti en carton qui m'a permis de le poser ventre en l'air.

Les ancrages des jambes de trains étant là encore symboliques, j'ai utilisé la technique des broches (0,3 mm). Les jambes étant collées, il faut poser leurs haubans en veillant à ne pas déformer la géométrie de l'ensemble. Les axes de roues sont très fragiles, je ne les ai pas changés mais je pense que j'ai eu tord.
Il ne reste qu'à poser quelques accastillages. Le morceau de choix est la construction de la tourelle des mitrailleuses de défense qui requiert des doigts d'horloger et de ne pas souffrir de tremblements.
Cette modèle demande beaucoup de soin mais apporte bien des satisfactions : c'est ce qu'on lui demande ! La maquette qui est pleine de qualités reste perfectible au niveau de la facilité du montage mais, néanmoins, Gaspatch offre un superbe produit.
Je me suis souvent demandé pourquoi les productions de ce fabriquant était si confidentielles (je n'en connais pas de revendeur en France). Gaspatch est installé dans la banlieue d'Athènes et j'ai eu récemment l'occasion de passer par cette ville. J'y ai trouvé deux magasins de maquettes très voisins et bien achalandés. Curieusement, aucun n'avaient de modèles Gaspatch. Ils donnaient même l'impression de ne pas vouloir les connaître !
Voici quelques photos de la bête terminée :





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A bientôt pour un nouveau montage.