P47 D "RazorbacK"

Par Serge Millot

 

REVELL 1/32 réf : H296

Préambule :

A l'heure où Hasegawa et Trumpeter nous gratifient (enfin) de belles réalisations du Republic P47" Thunderbolt ", Revell réédite à nouveau ses collectors, qui accusent à présent un âge respectable de plus de 40 ans, ce qui rappellera certainement de bons souvenirs " aux anciens " (!)
Ces productions complètement dépassées par les standards actuels, restent de bonnes bases de travail pour les " transformeurs masochistes et opiniâtres " qui tiennent à faire figurer " ces ancêtres " dans leurs collections. Beaucoup de patience et une bonne documentation sont indispensables pour leur donner une apparence acceptable.
Pour ceux qui ne veulent pas " tout faire en scratch ", les sets d'adaptation qui ne manqueront pas d'arriver pour agrémenter les nouveautés asiatiques, et les pièces des options présentes dans le (remarquable) kit Trumpeter pourront être mis à profit comme base afin de compléter les antiques productions de Mr. Revell !

Documentation :

Les ouvrages traitant de cet avion mythique sont " innombrables " et chacun trouvera facilement les infos désirées. Tout le monde a entendu parler du " Thunderbolt ", nom officiel attribué par son constructeur " Républic ", mais peut-être est-il moins connu par son surnom " JUG " ? On le lui attribua au vu de ses capacités destructrices en tant qu'avion d'assaut multi-tâches ; dans la " mythologie Bouddhiste ", cette appellation est issue de la contraction du nom de l'une des 7 réincarnations de Vishnou, la plus terrible et la plus précise dans la destruction !

Les ouvrages principaux qui m'ont servi de base sont :
Squadron Signal Publications n° 67 - P47 Thunderbolt In Action
Squadron Signal Publications - Walkaround n° 11 - P47
Le grand livre des avions de légende - Editions Atlas
P 47 Thunderbolt en action - Editions E.P.A.
Manuel d'entretien technique, Octobre 1944
…et deux sites trouvés sur le net et répertoriés en fin d'article.


Etude rapide des kits Revell:

Les boîtes de l'époque avaient l'avantage de disposer d'une ouverture supérieure; ce couvercle était un gage de facilité dans les manipulations qui accompagnent un montage. Les moutures actuelles, avec leurs ouvertures latérales, sont bien moins pratiques.
Les deux modèles de Revell, le Bubble et le Razorback, ne diffèrent que par la forme de leurs cellules, de leurs verrières et de leurs planches de décalcomanies; tout le reste leur est commun.
Chacun se compose d'une soixantaine de pièces en plastique injecté. On est bien loin des standards Japonais ou Chinois, (plus de 460 éléments " qui se montent tout seuls "), mais aussi des tarifs à la vente (du simple au quadruple).
La notice est imprimée en Anglais et en Allemand ; les schémas sont basiques, mais clairs. Pour chaque boîte, la planche de décal ne concerne qu'un seul appareil. Le film est épais, les motifs parfois " incertains " et, dans mes collectors, les transferts sont jaunis par le poids des ans !
Pour le Razorback, les décorations proposées par Revell concernent un avion britannique engagé dans le Pacifique en 44. Schéma de camouflage " dark brown, dark green et light grey ".

Au premier coup d'œil, les formes générales superposées aux plans ramenés à l'échelle, sont assez fidèles à quelques exceptions près.
Les erreurs remarquées sont communes aux deux modèles.
Au niveau du tiers avant du fuselage, on distingue un léger manque d'embonpoint et les formes du plan fixe vertical et de la gouverne de direction nécessiteront une correction. L'hélice doit être affinée et la largeur des pales réduites. A la base de chacune d'entres elles, d'importantes retassures sont présentes et devront être mastiquées. Les éléments transparents sont dépourvus de finesse. Les moulages sont basiques, et les pièces souvent épaisses. Comme il était d'usage à l'époque, les rivets sont saillants et les lignes de structure sont en léger relief.
Donc, en fonction du niveau de détail projeté, il faudra quand même y consacrer un peu de temps….mais, même ancien, le plastique de Revell s'adapte bien à la chirurgie, atout non négligeable pour les " transformeurs de tout poil ".

En matière de moulage, la mode de l'époque était de faire apparaître (et parfois de façon outrancière) les rivets et les lignes de structure en relief. Afin de les représenter en creux, le premier labeur a été de les éliminer systématiquement, puis les re graver en creux. Ce travail long et fastidieux, effectué au papier de verre à l'eau, est incontournable si l'on veut présenter un appareil à l'aspect crédible !

Les repérages des lignes de structure et de rivets sont réalisés au crayon à l'aide de papier calque, puis reportés sur le plastique. Pour ce faire, il faut d'abord trouver les plans adéquats et les ramener à l'échelle.

Les éléments du poste de pilotage (ainsi que d'autres pièces en résine) sont issus d'un projet, de feu Contact Résine et initialement prévus pour accompagner la maquette du P47, à l'époque en gestation chez Redux, dont le moulage ressemblait étrangement au kit Tamyia 1/48 et qui ne vit jamais le jour.
(Le P47 Razorback vendu actuellement sous cette marque est le produit de Trumpeter, avec un " boîtage ", des roues en résine et des décorations différentes).

Intervention sur les volets de refroidissement bas et ceux de la sortie primaire du compresseur. On remarque aussi les panneaux repositionnés en léger relief (alu autocollant et carte plastique fine).

Plancher et plaque blindée issus de feu Contact Résine. Le siège est une fabrication maison découpée dans de la plaque offset fine (moins onéreux que la photodécoupe).

Le tableau de bord a d'abord été dessiné avec un logiciel de dessin puis imprimé sur papier photo. Le résultat est très correct, mais un peu "plat ".

Sur un second tirage identique, les instruments sont extraits à l'aide de l'incontournable emporte pièce (ici un " push & dy "), puis une pièce de rhodoïd est intercalée entre les deux tableaux de bord superposés. L'opération assure un peu de relief.

Le Pratt & Whitney provient aussi de feu Contact Résine qui avait prévu deux types différents de carter.

Le nouveau GMP (sur lequel je suis quand même ré-intervenu), remplace celui du kit d'origine.

A l'instar de son prédécesseur, une fois assemblé peint et patiné et bien que non prévu pour le kit Revell, il prend place sans problème.

: Sur ces clichés de l'intrados et extrados des ailes on distingue bien les modifications apportées.

Les gouvernes de profondeur sont désolidarisées et leurs bords d'attaque refaits en carte plastique. Les bords de fuite des plans fixes sont creusés et les charnières refaites.

L'opération est répétée pour la gouverne de direction. Notez l'ajout d'aluminium autocollant.

On distingue bien les panneaux et trappes de visite refaites en doux relief et sur lesquelles, après mise en peinture, on appuiera la patine en léger trompe l'œil. Les trappes de train sont provisoirement fixées à l'aide de " Patafix " afin d'assurer les raccords de peinture. On remarque avec satisfaction qu'elles se positionnent parfaitement dans leurs logements respectifs. Il y plus de 40 ans, " Monsieur Revell " savait déjà fabriquer !

Essai de positionnement des tubes des canons des Browning Cal.50. Ces segments d'aluminium creux remplacent avantageusement les protubérances du kit. On en profite pour remarquer la qualité des gravures réalisées en scratch.

Intervention sous le fuselage ; les échappements inférieurs du compresseur et le logement de la roulette de queue nécessitent quelques perfectionnements et l'usage du mastic ne sera pas inutile.

Je n'ai pas été séduit par la qualité des jambes de train. Stigmatisées par des plots d'éjection et quelques retassures, elles sont moulées en allongement maximum (avion en vol, train sorti) et certains détails font défauts. J'ai donc choisi d'en réaliser d'autres en scratch. Pour ce faire, plastique étiré, trombone, fil de caoutchouc, gaine de fil de cuivre, tubes de styrène et d'aluminium creux ont été utilisés.

Les éléments transparents du kit ne sont pas exaltants ; le pare brise notamment est inexact tant en forme qu'en dimension.
En m'en servant de base, j'ai remoulé des masters en plâtre de prothésiste dentaire, puis j'en ai thermoformé de nouveaux.
Après étude des photos, je me suis aperçu que la verrière classique qui équipait l'avion fut modifiée avec l'adjonction d'une bulle de type " Malcolm Hood en aluminium brut, montée sur le châssis de l'ancienne verrière peinte en orange et il m'a paru opportun de la réaliser sous cette forme.

Délaissant donc mon " thermoformage ", je me suis orienté vers son remplacement. J'ai abandonné l'idée d'en réaliser un entièrement car en furetant dans mes nombreux " tiroirs à rabiot " j'ai trouvé une verrière du P51B de la même marque. J'ai donc découpé la partie arrière biseautée de la verrière du kit sur laquelle j'ai installé cette" Malcolm " improvisée. Les montants ont été découpés dans du styrène fin puis poncés à façon.

Cette " bulle " manque un peu de longueur et j'ai triché en optimisant la section des montants ; au final le résultat peut faire illusion (surtout avec la verrière ouverte).

La barre de préhension horizontale fixée sur le montant avant à l'intérieur de la verrière coulissante fait défaut et je l'ai ajoutée.
Au pare brise du kit, j'ai substitué celui précédemment thermoformé sur lequel j'ai ajouté un rétroviseur.
La base du collimateur est issue d'une boîte Trumpeter (qui offre deux modèles différents). J'ai remplacé la vitre circulaire trop épaisse et ajouté le cadran horizontal. Une pièce rectangulaire en rhodoïd transparent est fixée, à l'aide d'une petite touche de colle époxy transparente de chez Mr Hobby (Japon) à l'intérieur du pare brise, au-dessus de la casquette du tableau de bord. Cette surface réfléchissante blindée était assimilée au dispositif de visée ; elle disparut avec les générations suivantes de P47 et l'apparition des verrières de type " bubble ".

Les montants, simulés à l'aide de feuille d'aluminium auto collant sont rivetés à la pointe sèche. Ils sont placés à l'intérieur et à l'extérieur de la nouvelle pièce thermoformée et leur relief permettra sans problème une mise en peinture au pinceau fin. Le pigment n'ayant qu'une adhérence relative sur ce type de support, il sera aisé de réaliser des écaillages très réalistes.

Pour varier un peu des " avions guerriers ", j'ai choisi de représenter un aéronef utilisé pour des missions spécifiques de type Air Sea Rescue.
(voir l'historique " in fine ").
En place habituelle des bombes, sous chaque aile, les avions transportaient des canots gonflables de huit places et sous le fuselage, deux fusées éclairantes de marquage à haute visibilité.

N'ayant pas trouvé de schémas techniques du dispositif, je me suis librement inspiré des photos et de l'infographie (citée par ailleurs) afin de réaliser un master comprenant les racks du kit modifiés et un " scratch " des " dinghies " pliés sur leurs supports respectifs. J'ai procédé de même pour les fusées de fuselage.
Ces éléments ont ensuite été dupliqués par moulage en résine car un projet de réalisation au 1/32 d'une grande saynette comprenant six avions différents de ce même squadron sur leur base Anglaise de Boxted en Août 44, réalisés par sept maquettistes différents, est en cours au sein de l'amicale des " Maquettistes Associés Occitans " (MAO) de Montpellier.

Détails du " rack " de l'aile droite avec le canot pneumatique auto gonflable de 8 places librement réalisé à partir des quelques documents photographiques connus.
Sous le fuselage, on distingue aussi les deux fusées éclairantes et leur dispositif de maintien. Notez le plot isolant en céramique que traverse le fil de l'équipement radio électrique et le côté sale et usé de la robe de " la bête ".

Le train d'atterrissage en scratch est mis en place sans trop de problème.
(Merci encore à Marc Guerrero, ex gérant de feu Contact Résine, pour les belles roues aux pneus écrasés dont il m'a épargné la fabrication - et qu'on retrouve dans la déclinaison de la maquette Trumpeter commercialisée par Redux!).
Les détails ajoutés sur les jambes de train sont très visibles.
En matière de salissures, remarquez le traitement appliqué à l'important réservoir ventral et aux sorties primaires du compresseur.

La jambe de la roulette de queue est formée dans un trombone épais. Les trappes sont découpées dans de la feuille métallique pour offset et mises en forme avec des raidisseurs en carte plastique.

Le pilote a été entièrement créé à l'aide de mastic bi composant " Andréa Sculp ", de styrène, de fil de cuivre, de métal alimentaire et de petits outils spécifiques de sculpture acquis dans ma boutique d'articles pour artistes. C'était là ma première figurine réalisée en scratch intégral (jusqu'à présent je me contentais de modifications) et ça n'a pas été évident (un stage spécifique à l'acquisition du tour de main serait peut-être nécessaire ?). La position de ses jambes est en adéquation avec celle du palonnier et donc de la gouverne de direction.
Le sujet a été peint à la brosse et au pinceau avec les pigments acryliques Prince August.
Au vu du résultat final, je constate que je suis encore loin de la qualité de ce que réalise notre " figuriniste local " (qui rafle toujours des médailles en concours) à l'aide de ses pigments à l'huile! Aussi je réclame l'indulgence pour ce travail en outre mal mis en valeur par la piètre qualité des photos.
Heureusement, une fois installé à bord, on voit moins les imperfections !

Choix de l'avion, mise en peinture et décorations :

L'avion choisi sort un peu de l'ordinaire. Il arbore les teintes classiques du camouflage en usage dans l'USAF en 43/44 " olive drab et neutral grey " et à l'instar des autres avions du groupe, l'avant de son fuselage présente trois bandeaux parallèles: rouge, blanc et bleu.
On observe aussi des bandes de signalisation de couleur jaune qui entourent les plans fixes et la dérive.
Ce P47 était celui du Cdt. du Groupe et à ce titre il possédait quelques marquages supplémentaires : une partie des ailerons et des montants de la verrière sont en orange et une bande jaune entoure les ailes (intrados et extrados) près des raccords karman.
La présence des bandes noires et blanches, dites d'invasion, rehaussent encore d'avantage le contraste coloré qui procure au modèle un incontestable aspect " haut en couleurs ".
Comme à l'accoutumé, c'est à l'aide des pigments Enamel de Humbrol et consorts que j'ai officié.

Le blanc et le jaune sont peu couvrants et plusieurs passages sont nécessaires. Afin d'éviter les sur-épaisseurs, le blanc est positionné en premier en dépassant largement les endroits prévus. J'utilise une technique personnelle, certainement plus difficile à réaliser avec les pigments acryliques, qui consiste à alterner les voiles de peinture et les ponçages légers à la paille de fer d'ébéniste ultra fine. C'est parfois fastidieux et toujours long car il faut attendre le séchage et nettoyer systématiquement avant d'opérer à nouveau.



La mise en place et la dépose des pochoirs (nombreux et variés sur cet avion) sacrifient à un rituel immuable.
Sur la photo 40 on peut distinguer les codes de fuselage 5F-A en légère surbrillance. Ils sont découpés dans du film à faible pouvoir adhésif.




Sur cette photo, on peut distinguer les codes de fuselage 5F-A en légère surbrillance. Ils sont découpés dans du film à faible pouvoir adhésif

La base du travail n'est pas compliquée ; elle consiste à l'application méthodique des teintes classiques en usage au sein de l'Air Force en 1944-45. C'est après que les choses se compliquent !

On devine la découpe des lettres pochoirs du nom de l'avion " Tony " à l'avant gauche de l'habitacle qui recouvrent le voile jaune orangé appliqué en superposition à la zone blanche préliminaire.

Les pochoirs enlevés, la totalité du revêtement obtenu est passé à la paille de fer d'ébéniste. A partir de là, commence un important travail qui doit aboutir à un aspect usé, fatigué, sale, mais plausible.


Technique maison :

Comme pour tous les autres sujets, les photos d'époque et un peu de connaissance technique en rapport avec l'avion sont des supports incontournables. Après quelques séances de " pochoir/peinture/salissures /ponçage/pochoir/peinture/salissures/ponçage " ….. plus tard, les finitions ont été réalisées au pinceau fin et à la brosse.
Une fois satisfait du résultat, dans l'optique de la pose des décals, j'ai appliqué sur la totalité de l'avion un vernis brillant bien dilué.
Etonnement, j'ai remarqué alors un assombrissement général des teintes ; les séparations du fondu originel apparaissent plus tranchées.
Consternation, une semaine après, j'ai constaté le défaut complet de séchage et quinze jours plus tard, on en était au même point !
La dilution du vernis cellulosique avec l'essence F a certainement créé une réaction chimique empêchant la stabilité du séchage. Après plusieurs tentatives dans le vif espoir de résoudre le problème, j'ai du me résoudre à tout décaper au white spirit…ce qui a entraîné pas mal de dégâts sur le travail de patine patiemment réalisé.
A cet instant, j'ai réellement éprouvé " un grand moment de solitude " !
J'ai donc repris mes travaux de patine au stade précédent et à l'aide des nombreuses photos disponibles de ce type d'appareil, j'ai matérialisé les salissures et les écoulements d'huile ainsi que les écaillages de peinture aux endroits subissant les forts facteurs de charge et ceux " endommagés " par le passage répété des mécaniciens et des armuriers.
Non sans crainte, j'ai appliqué à nouveau une couche de vernis brillant Humbrol mais cette fois, en le diluant au White Spirit. Séchage complet constaté en 48h.
L'opération suivante a été la pose des décalcomanies notamment les réalisations maisons et les nombreux stencils, dont on ne remarque en général qu'une faible partie. Les codes et le " Nose Art " ont été dessinés avec mon lociciel DAO puis imprimés sur fond de décal blanc.
A l'issu d'un second passage de vernis brillant destiné à occulter l'épaisseur des tranferts, puis à un ponçage méthodique à la paille de fer d'ébéniste, je suis retourné aux travaux d'usure du revêtement et " je me suis lâché " sur les tentatives de vieillissements et les salissures. Brosse, pinceau, mélanges (une pointe de sépia dans du vernis mat bien dilué au " White Spirit " pour assombrir le blanc des bandes d'invasion des lettres code et des cocardes), re ponçages variés, reprises au lavis dilués…..toutes les techniques connues y sont passées.
Au final, le résultat désiré a été ré obtenu et loin des " salissures bien proprettes " dont nous gratifient certains " artistes peintres qui s'exercent au maquettisme ", mon avion ressemble assez à ce que je voulais en faire : " un appareil opérationnel qui a beaucoup donné " !
Le travail sera achevé à l'issue, d'un deuxième voile de vernis brillant, suivi après séchage d'un mélange semi mat.

Petite mise au point " entre amis ":
Certains esprits chagrins trouveront peut être que ma "peinture finale est " bâclée et anéantit tout mon travail " (sic). Ceci confirmera :
" leur formatage étriqué dans le moule de la mode qui sévit actuellement chez les " sachants de l'aérographe "
" leur méconnaissance des techniques employées
" leur abstraction des aléas des rendus photographiques
" leur difficulté à accepter qu'on puisse " maquetter autrement que dans les standards établis et acceptés par eux-mêmes ".
" leur incompréhension envers ceux qui ne cèdent pas à la " tyrannie des modes "
Il en faut pourtant pour tous les goûts !

Connaissez-vous la " Loi de Murphy " ?
Un autre problème " m'a fait galérer " : la réalisation des chiffres jaunes du serial. Ceux " bidouillés " à partir de décals en rabiot manquaient d'homogénéité. Chez " Hobbydecal " j'ai bien trouvé un transfert à sec pour un P38 mais les chiffres étaient surdimensionnés et n'offraient qu'un bien piètre pouvoir couvrant. Mes différentes tentatives de créations imprimées sur décals vierges transparents se sont avérées inutilisables à cause de leur manque d'opacité.
Bien que les dimensions des chiffres soient nettement trop optimistes, j'ai fini par utiliser les transferts à sec en tentant de les superposer pour gagner en opacité. Hélas, leur pose en direct s'est avérée quasi impossible à réaliser (les chiffres se fractionnaient en petits morceaux) et avec ce qui me restait je me suis rabattu sur un support en décal vierge sur lequel j'ai du jouer du pinceau de complément. Après leur pose, j'ai eu la mauvaise idée de leur appliquer un assouplissant trop puissant (" Mr. Mark Setter ") qui a irrémédiablement endommagé mes réalisations. J'ai pu ré intervenir au pinceau sur le moins atteint, mais au final, j'ai du me résoudre à peindre " à mano " la totalité du serial du côté droit !
Ca n'est pas le plus " folichon " et ça représente un sacré morceau de patience…

Photos de l''intrados traité comme indiqué ci-dessus. On remarque la présence simultanée des cocardes de grandes dimensions sous les deux ailes.

Intrados de l'aile droite : à l'extrémité on distingue les trois lampes d'identification " friend-foe ".

Sous l'aile gauche, c'est le phare d'atterrissage qui attire l'attention. Une pièce circulaire d'alu auto collant sur laquelle j'ai déposé une goutte de colle extra transparente " Mr. Hobby " a parfaitement fait l'affaire.

Ma technique d'utilisation de la paille de fer, lorsqu'elle est bien employée, présente l'avantage de mettre en évidence la présence des rivets panneaux et lignes de structures, re gravées au début du travail de préparation, y compris sur les décalcomanies, ce qui homogénéise l'usure générale!
Notez la présence discrète des nombreux stencils d'information.

" Tony " un avion de guerre fatigué au revêtement usé et à la robe défraîchie !


Une hélice toute neuve et toute propre pour un avion bien usagé et bien sale !

Vues générales et de détails du 5F-A et de son pilote à bord.







Détails et finition :

L'antenne fixe au sommet du fuselage a été avancée de 14mm par rapport à ce que propose Revell.

L'isolateur céramique, le fil d'antenne, le contact anti statique seront fixés en tout dernier.
Les cabochons des lampes d'aile, inexistants dans le kit, ont été réalisés en scratch à l'aide de la colle " Mr Hobby ". Les lampes sont figurées par des segments de grappe transparentes étirés à la flamme dont l'embout est peint.

Photos réelles :

Médiocre cliché en couleur qui montre l'avion devant l'un des hangars vétustes utilisés par le 5th à Boxted. La verrière classique à montants est peinte en orange, le pare brise est " olive drab ".

Très belle photo du 5F-A en vol, d'où l'on distingue moult détails intéressants : positionnement et taille des marquages et cocardes - doublées en intrados - des fusées éclairantes et des racks munis de leurs " dinghies " sous les ailes. Côté gauche du capot tricolore, le " nose art " individualisé. La verrière est de type classique et les bandes d'invasion ne sont pas présentes.


Intéressante photo couleur où l'on distingue la présence du " Malcolm Hood " aux montants en aluminium brut ; la bulle a vraisemblablement été fixée à même la structure d'origine qui reste en orange.
Les bandes d'invasion sont visibles aux bords d'attaque et donc vraisemblablement présentes aussi en intrados des ailes ; par contre elles semblent absentes des flancs de fuselage. La photo est vraisemblablement postérieure à Juillet 44.

Conclusion :

La mise à niveau de ce type de maquette, dépassée par les standards actuels, nécessite toujours un travail préliminaire non négligeable qui requiert temps et patience mais procure beaucoup de satisfaction car il m'est vraiment difficile de construire sans modifications personnelles.

L'envie initiale de réaliser le P47D-15-RE 5F-A " haut en couleur " du Major Robert P. Gerhart a été stimulée par le travail infographique de P.A.Tilley paru dans le n°33 d'Octobre 2003 du feu bi-mensuel Aéro Journal (qui vient pour la 4è fois de renaître de ses cendres).
Après investigations complémentaires, j'ai été définitivement séduit par le parcours du " 5th, ERS Squadron ", groupe atypique qui utilisait des chasseurs bombardiers d'interception et d'assaut pour des missions de sauvetage.

Résumé historique du 5th Emergency Rescue Squadron :

Sources :
" 5th ERS, 8th Air Force Fighter Group - Littlefriends.co.uk.url http://www.boxted-airfield.com/richards/page6.html
http://www.littlefriends.co.uk/5ersfg.php (d'où j'ai extrait deux des photos du 5F-A de Bob Gerhart).
" M. Roger A. Freeman "history of 8th Air Force"

Le concept de la mise en place d'un dispositif spécifique de recherche et sauvetage en mer au profit des équipages de l'USAF a pris corps en Avril 44,
et la motivation induite par la carence des moyens disponibles et de la prévision de l'imminence d'un débarquement sur les cotes Françaises.
C'est le 65è Fighter Group de la 8è Air Force qui fut chargé du projet.
Le fameux Colonel Hubert A. "Hub" Zemke, as de la chasse aux 20 victoires, très respecté des pilotes, avec l'aide du " deputy commander Lt. Col. David C. Schilling", fut à l'initiative de la création d'un Squadron indépendant qui prit le nom de " Air Sea Rescue Squadron ". Il obtint l'accord de principe de l'Etat Major, mais dut se débrouiller pour trouver les moyens en effectif et matériel et fit appel à candidatures auprès des groupes voisins de l'USAF.

Le Captain Bob Gerhart, co-initiateur passionné par le projet, prit le commandement de l'A.S.R.S. En " raclant les hangars " il parvint à récupérer trente et un P47 D Razorback, la plupart inaptes aux opérations offensives et déclassés en " War Wurry " (d'où la présence de WW sous le serial de queue). Dans les effectifs des squadrons opérationnels, il réussit à " débaucher " 90 techniciens, dont 25 pilotes et à récupérer les outils et le matériel de servitude indispensables à l'entretien des aéronefs.
Sur une zone délaissée au sein de l'aérodrome de Boxted près de Londres, on lui attribua des installations vétustes qui furent " réhabilitées avec les moyens du bord ". Il réussit à mettre en place les éléments nécessaires et suffisants à la vie de son groupe qui prit le nom de " 5th Emergency Rescue Squadron " (5th ERS) dont le code était 5F en lettres blanches détourées en bleu foncé.
Sous l'indicatif radio " Dog Day ", il opéra depuis cet aérodrome du 1 Mai 1944 au 16 Janvier 1945, puis se déplaça à Halesworth jusqu'à la fin du conflit le 8 Mai.
Guidés par le contrôle des opérations et veillant sur la fréquence de détresse assignée, des patrouilles de deux à quatre appareils se relayaient afin d'assurer la couverture des avions lors de leur survols maritimes à l'aller comme au retour. Ils positionnaient les équipages en détresse, puis leur larguaient les canots pneumatiques auto gonflables et lançaient les fusées éclairantes à l'attention des vedettes de secours en mer et des avions amphibies (PBY) alertés par radio. Les avions évoluaient toujours par paires ou double paires et se relayaient systématiquement ; ainsi la couverture était quasi permanente.
Dans le cadre de leurs missions, entre le 1 Mai 44 et le 8 Mai 45, ils assurèrent le sauvetage de 926 aviateurs.

Au vue des résultats obtenus par le 5th, le concept " ERS " fut étendu à d'autres squadrons, sur d'autres bases et avec d'autres moyens (PBY, B17) mais …..c'est une autre histoire !

 


Serge Millot, Date de réalisation Février 2008.