Ayant monté plusieurs maquettes d'avions de chasse de l'Armée de l'air en Indochine, je me lui laissé tenté de leur faire tenir compagnie par un vénérable transporteur, l'AAC1 "Toucan". J'y ai été aidé par BB48 qui m'a cédé la maquette Revell de la version militaire (Ju52/3m) assortie de quelques pièces de la version civile dont le dos du fuselage qui, dépourvu d'armes de défense, est plus proche du standard des appareils made in France.
Mais, les choses étant ce qu'elles sont (et pas ce qu'elles…), il s'avère que l'AAC1 serait plutôt un hybride qui garde certes l'essentiel de la conception des Ju 52 mais rassemble beaucoup de particularités. Par conséquent, la transformation de la maquette nécessite de fouiller la documentation et particulièrement le livre publié par LelaPress "les Ju52 et AAC1 sous nos cocardes"qui n'est pas avare de photos ni de profils. Cependant, force est de reconnaître que les photographes de l'époque ne destinaient pas leurs œuvres aux constructeurs de maquettes et que la recherche de certains détails techniques laisse sur sa faim.
Evidemment il y a Internet où l'on trouve quelques photos d'AAC1 en construction à Colombes et surtout quelques unes d'un authentique AAC1 conservé au Deutsch Muséum de Munich (curieux retournement de l'histoire !). Mais on trouve aussi des faux amis comme des photos de Casa 352 (version espagnole du Ju) ou des avions préservés en état de vol dont il ne faut pas trop s'inspirer car ils diffèrent en bien des points de notre sujet.
Il est difficile d'être exhaustif mais pour tenter de se rapprocher au mieux de l'AAC1, il faut tenir compte des éléments suivants :
1. Dos du fuselage :
Pas de poste de défense ;
Pas de grosse écope d'air (présente sur le dos de la maquette Revell en version civile) ;
Présence de 3 ouies (ventilation ?) et d'une trappe rectangulaire au 2/3 de la longueur du fuselage ;
Mat d'antenne déporté sur la droite ;
Sur certaines avions (pas tous), derrière le cockpit, cavité du gonio de bord recouverte d'un dôme aplati.





2. Flanc gauche :
Hublot supplémentaire derrière la porte d'entrée ;
Pas de porte de chargement du poste de défense.

3. Flanc droit :
Porte du radio (immédiatement derrière de cockpit) ;
Porte cargo rehaussée grâce à un volet supplémentaire basculant vers le haut ;
Hublot supplémentaire derrière la porte cargo (Revell a présenté à cet endroit une porte qui n'existe pas sur les AAC1 et qui est difficile à faire disparaître).


4. Moteur central :
Trio de radiateurs d'huile ;
Tuyaux d'échappement existant en plusieurs versions (courts, longs, petits, gros joufflus etc. pour les détails, demander à Pierre Perret). Ils sont parallèles au fond du fuselage ;
Prise d'admission d'air ;
Petit bossage sur le dessus capot.



5. Moteurs latéraux :
Trio de radiateurs d'huile ;
Prise d'admission d'air
Tuyau d'échappement unique sortant par l'arrière des capots et sur le côté extérieur.

6. hélices :
Les pales de la maquette ont une forme à priori correcte mais les pieds de pales sont apparemment trop longs (hélices Ratier ?). Je n'ai pas su les modifier.
7. Ailes :
Revell propose ailerons et volets d'une seule pièce ; ils sont en réalité séparés et cette modification est indispensable si on veut leur donner des braquages différents ;
Sur l'aile gauche, le tube pitot est au bout d'une perche rectiligne (Revell fournit une perche avec tube Venturi).


8. Atterrisseurs :
Les jambes sont les versions "épaisses" (le kit fournit les deux versions) ;
Les roues des appareils français ont des pneus "ballon". Comparées aux roues allemandes, elles sont plus larges et ont un diamètre inférieur (les roues du Mosquito Tamiya ont les dimensions ad hoc mais il faut boucher les dessins des pneu et refaire les jantes).



9. Antennes :
Les photos d'époque montrent des tas de variantes et comme il ne s'agit souvent de vues partielles, il est bien difficile de savoir lesquelles étaient réellement montées. ²
Cette liste donne une idée du plan de bataille mais il y a… des cactus ! Le principal est le revêtement de l'avion qui comme chacun sait est en tôle ondulée (il n'y a bien que ma crémière qui ne sait pas que les tôles ont du lait !). Il y a même plusieurs types d'ondulation :
Fin sur les gouvernes et les extrémités des ailes ;
Moyen sur les flancs du fuselage et l'essentiel des ailes ;
Gros sur le dos et le ventre du fuselage ainsi qu'au niveau des emplantures des ailes.
Les modifications du fuselage (perçage des hublots, suppression de l'écope dorsale, création des trappes et volet supérieur de la porte cargo etc.) nécessitent de s'attaquer au revêtement et ultérieurement de boucher les trous avec des bouts de tôles ayant le même type d'ondulation. L'ajustement des rustines est alors un sacré défi (alignement des ondulations). Pour ma part et grâce à BB48, j'ai pu disposer du dos de fuselage "militaire" dans lequel j'ai pu récupérer des morceaux servant à modifier le dos de fuselage "civil". A moins de posséder la technique de moulage pour recréer des morceaux de revêtement ondulé, la solution "riche" (mais pratique) serait de disposer de deux fuselages. J'ai plutôt utilisé la version "pauvre" qui a consisté notamment à renoncer à la suppression de la gravure de la porte arrière droite dans laquelle j'ai percé le hublot supplémentaire. J'ai bêtement raté l'opportunité de monter la porte cargo en position ouverte qui aurait été une solution plus simple et plus discrète pour la rendre conforme à celle de l'AAC1 (on fera mieux la prochaine fois…)
Pour le reste la conception de la maquette est remarquable et l'ajustement des pièces principales du fuselage ainsi que le raccordement ailes fuselage est parfait sans le moindre recours au ponçage ou au mastic. La notice n'est cependant pas toujours très claire et il faut bien réfléchir avant de glisser de la cyanolite sur les pipes d'échappement.
Pour la décoration j'ai choisi un avion du GT I/64 "Béarn". La peinture est faite à partir de mélanges d'Alclad (Aluminium, Duralumin, dark Aluminium et Magnésium). Les décalques proviennent de la planche Berna. Celle-ci a malheureusement le jaune des cocardes très décentré (strabisme très accentué). Le fabricant en a eu conscience et a eu la bonne idée d'en fournir un jeu supplémentaire mieux axé mais insuffisamment à mon goût. J'ai donc peint des disques jaunes avec des masques créés à la "Silhouette" puis posé dessus les cocardes débarrassées de leur jaune. Là encore, la tôle ondulée a joué les troubles fêtes et malgré des doses considérables d'assouplissant il a été très difficile de les faire coller au fond des ondulations. Le gouvernail de direction est peint.
J'ai conscience d'avoir été un peu long avec ces commentaires. Il est donc temps de voir la bête. Un grand merci à BB48 sans qui je n'aurais jamais eu l'idée de me lancer dans cette aventure. Aventure qui, même si le résultat reste très perfectible, m'aura fait découvrir les joies de la recherche documentaire et des tentatives de conversion en scratch.









A bientôt pour un prochain montage qui pourrait bien être un C-47.